|
Sommaire
Oui, Jean-Baptiste a vraiment existé. Nous possédons des attestations multiples, tant chrétiennes que juives, confirmant son existence historique. Il est apparu comme un prophète ascétique de la région du Jourdain qui a eu un certain succès auprès des foules, au point de faire peur aux autorités politiques. Lessentiel de son message était dannoncer lintervention imminente de Dieu qui châtierait ce peuple infidèle quest Israël, à moins que les gens se repentent et changent de comportement, et expriment ce changement en acceptant son baptême deau une fois pour toutes, dans lattente dun autre envoyé de Dieu, plus fort que lui, qui sera capable de répandre lEsprit de Dieu qui pardonne vraiment les fautes. Ce baptême une fois pour toutes semble une création originale dans une contexte où les ablutions deau pour une pureté rituelle étaient très répandues.
- En dehors du témoignage des quatre évangiles, nous avons le récit de lhistorien juif Flavius Josèphe (né vers 37/38, mort après 100) qui nous parle de Jean-Baptiste. Dans les Antiquités juives écrit vers la fin du 1ier siècle, il dit ceci à propos de Jean-Baptiste (xviii, 5, 2):
[116] Or, il y avait des Juifs pour penser que larmée dHérode avait péri par la main de Dieu, car Dieu avait à juste titre puni Hérode pour ce quil avait fait à Jean surnommé Baptiste.
[117] En effet, Hérode lavait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et quil excitât simplement les Juifs à recevoir le baptême, pourvu quils pratiquent la vertu, soient justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu. Car cest à cette condition, selon Jean, que Dieu considérerait le baptême comme agréable, cest-à-dire sils sen servaient non pour se faire pardonner certaines fautes, mais pour purifier le corps, dans la mesure où leur âme avait été préalablement purifié par la justice.
[118] Et quand les autres [les gens ordinaires] sétaient rassemblés autour de lui [Jean], car ils étaient très exaltés en lentendant parler, Hérode commença à craindre quune telle faculté de persuader la foule ne suscitât une révolte, cette foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Hérode décida de se débarrasser de lui par une frappe préventive, avant que quelque trouble se fût produit à son sujet. Hérode considérait cette approche bien meilleure que celle dattendre que la situation se détériore et de regretter de ne pas avoir agi en plein milieu de la crise.
[119] A cause de ces soupçons dHérode, Jean fut envoyé à Machéronte (ouest de la mer Morte, dans la Jordanie actuelle), la forteresse sur une montagne dont nous avons parlé plus haut, et y fut tué. Les Juifs crurent que cétait pour le venger quune catastrophe sétait abattue sur larmée, Dieu voulant ainsi punir Hérode.
- Ce texte nous parle dHérode Antipas (de -4 à 39), fils dHérode le Grand, et qui était tétrarque de Galilée et de la Pérée (côté ouest du fleuve Jourdain, une partie de la Jordanie actuelle). La catastrophe de larmée dont on parle ici est sa défaite à lhiver 36-37 aux mains du roi Nabatéen, Arétas IV (-9 à 40; Hérode sétait divorcé de sa fille Phasael pour prendre la femme de son demi-frère, Hérodiade, mère de Salomé). Selon Josèphe, les Juifs ont vu dans cette défaite dHérode une punition de Dieu pour avoir injustement fait mourir Jean, surnommé Baptiste.
- On notera que Josèphe nous présente Jean-Baptiste comme un personnage sympathique. Il nous donne également un certain nombre déléments dinformation sur son action.
- Jean-Baptiste y apparaît comme un philosophe de morale gréco-romain assez populaire, dotée dune petite touche néo-pythagoricienne avec son rite baptismal : limportant est dêtre juste les uns envers les autres et dêtre pieux envers Dieu.
- Jean-Baptiste ne nourrissait que des intentions religieuses, et navait aucune ambition politique.
- Son baptême sadresse dabord aux gens religieux dont le baptême exprimait leur volonté de marcher dans la justice. Mais il sadresse aussi à un public plus large (voir « les autres » dans le texte plus haut) qui senthousiasmait de ses discours, et cest probablement cela qui suscite linquiétude dHérode (les évangiles parlent des collecteurs dimpôts, les financiers de lépoque, et de larmée qui se sont mis à lécouter).
- On notera enfin trois choses : 1) le texte sur Jean-Baptiste que nous a laissé Josèphe est presque trois fois plus long que celui quil nous a laissé sur Jésus (voir texte sur Jésus); 2) on ne sait presque rien sur les raisons dun tel baptême par Jean-Baptiste; 3) ce texte de Josèphe était connu par deux Pères de lÉglise, Origène (185 à 253) et Eusèbe de Césarée (265 à 340).
- Les évangiles vont nous aider à préciser ce portrait assez général laissé par Flavius Josèphe. Tout dabord, nous pouvons appliquer le principe dattestations indépendantes pour confirmer la valeur historique des écrits évangéliques, puisque Marc, la source Q et lévangéliste Jean attestent tous de lexistence de Jean-Baptiste. Cependant ils doivent relever le défi de situer Jean-Baptiste par rapport à Jésus. Cest ainsi que le portrait quils nous en donnent varie de lun à lautre : par exemple, Marc nous le présente comme un baptiseur, celui qui baptisera Jésus, tandis que Jean ignore cette dimension pour mettre laccent sur son rôle de témoin.
- Une première affirmation que nous pouvons faire à partir des évangiles est que Jean-Baptiste a exercé un ministère indépendant, sans relation avec celui de Jésus, et que ce ministère a été très populaire et a eu beaucoup dimpact. Il apparaît comme un prophète, un homme saint et ascétique. De plus, il a eu beaucoup de succès auprès des foules, ce qui fut dailleurs une source dembarras pour les disciples de Jésus, et de crainte pour Hérode. Cette réputation na pas cessé avec sa mort, car des gens continueront à se réclamer de lui par la suite pendant plusieurs années.
- Dans son récit de lenfance, Luc présente un tableau parallèle de la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus. Mais cette construction est avant tout littéraire et a quelque chose dartificielle. Par exemple, son évangile souvre au temple de Jérusalem avec le prêtre Zacharie, le père de Jean-Baptiste, qui reçoit lannonce de lange que sa femme est enceinte, et se termine également au temple de Jérusalem, où les disciples de Jésus sont en prière après son ascension. On ne peut pas confirmer ce portrait de Jean-Baptiste en dehors du récit de lenfance, et donc on ne peut lutiliser pour préciser son visage. Tout au plus peut-on faire deux affirmations :
- Jean-Baptiste était le fils unique dun prêtre, mais qui a refusé le devoir normal dun fils aîné de poursuivre la lignée sacerdotale, et a même tourné le dos au temple de Jérusalem pour jouer le rôle de prophète anti-establishment.
- Il est possible, sans quon puisse le prouver, que sa vision ait été nourrie par celle de groupes esséniens et de Qumran sur les rives de la mer Morte, non loin de la région où il baptisait (y a-t-il séjourné?) et qui sopposaient au temple de Jérusalem et aux lignées sacerdotales, pour des raisons légales; mais il faut tout de suite sempresser de remarquer que son baptême une fois pour toute pour exprimer un désir de conversion était différent des ablutions fréquentes des Esséniens pour des raisons de puretés rituelles, que Jean-Baptiste na pas créé de communauté comme celle de Qumran.
- La première source fiable sur Jean-Baptiste est la tradition Q quon trouve en Mt 3, 7-12 et Lc 3, 7-9.15-18 :
(1) Comme il voyait beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens venir au baptême, il leur dit: "Engeance de vipères, qui vous a suggéré déchapper à la Colère prochaine? Produisez donc un fruit digne du repentir et ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes: "Nous avons pour père Abraham." Car je vous le dis, Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu.
(2) Il vient après moi celui qui est plus fort que moi, et dont je ne suis pas digne denlever les sandales. Moi, je vous baptise dans leau, mais lui vous baptisera dans lEsprit Saint. Il tient en sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire; il recueillera son blé dans le grenier; quant aux bales, il les consumera au feu qui ne séteint pas."
- Dans la partie (1) Jean y apparaît comme un prophète annonçant larrivée imminente du jugement de Dieu à tous les Israélites. En raison de limminence de ce jugement (la cognée se trouve à la racine des arbres), il est urgent dopérer un changement intérieur par un repentir sincère, et un changement extérieur par un nouveau comportement. Lappartenance par le sang au peuple juif, le peuple élu, ne suffit pas. Il faut tout de suite, en lien avec ce changement intérieur et extérieur, accepter le baptême de Jean, si on veut éviter le feu sacré qui va tout consumer. On affuble souvent Jean de lépithète « précurseur », mais il est ici le précurseur non pas dun messie quelconque, mais de Dieu lui-même. Bref, Jean apparaît comme un prophète eschatologique (discours sur la fin des temps) qui parle avec un ton un peu apocalyptique (révélation sur ce qui attend ceux qui ne changeront pas) annonçant la fin de lhistoire du peuple de Dieu, avec un jugement imminent impliquant lannihilation par le feu pour certains. Et Jésus, en acceptant de recevoir le baptême, a fait sien ce message de Jean-Baptiste.
- La partie (2) est attestée non seulement par la tradition Q, mais également par Marc et lévangile selon Jean. Nous avons de bonnes raisons de croire que nous avons ici un écho de la prédication de Jean-Baptiste. Elle aborde deux sujets, dune part la place du baptême de Jean-Baptiste dans le drame de la fin des temps, dautre part son rôle dans le salut qui vient. Tout dabord, posons la question : qui est ce plus fort qui vient? On pourrait penser quil sagit de Dieu qui vient avec son jugement. Mais ça naurait pas beaucoup de sens que Jean-Baptiste se compare à Dieu en disant : « Il est plus fort que moi! » Ce serait un truisme. De plus, limage de lesclave qui enlève les sandales de son maître nest jamais employée dans lAncien Testament pour décrire une relation à Dieu. À Qumran on entretenait lidée de leaders dIsraël à la fin des temps, i.e. un messie prêtre ou un messie davidique. Il est possible que Jean-Baptiste ait intentionnellement gardé vague cette figure eschatologique. Lui-même, il ne se voyait pas apte à être lacteur du dernier acte du drame eschatologique, i.e. la séparation du blé et de la bale, et semble donc avoir envisagé de manière très vague un autre agent de Dieu capable de conduire ce drame à son dénouement. En résumé, après la menace du jugement au tout début, Jean-Baptiste se tourne maintenant vers laspect positif de son message : son baptême deau préfigure le don de lEsprit Saint annoncé par lAncien Testament, la littérature intertestamentaire et à Qumran pour les derniers temps, don qui sera fait à ceux qui auront dabord reçu le baptême deau, don qui sera fait par un plus fort que lui.
- Une autre possible source dinformation dans les évangiles est celle de Lc 3, 10-14 :
Et les foules interrogeaient Jean, en disant: "Que nous faut-il donc faire?" Il leur répondait: "Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui nen a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même." Des publicains aussi vinrent se faire baptiser et lui dirent "Maître, que nous faut-il faire?" Il leur dit: "Nexigez rien au-delà de ce qui vous est prescrit." Des soldats aussi linterrogeaient, en disant: "Et nous, que nous faut-il faire?" Il leur dit: "Ne molestez personne, nextorquez rien, et contentez-vous de votre solde."
- Dentrée de jeu, posons deux questions : 1) sur le plan historique Jean sest-il engagé à faire des exhortations morales et à donner des directives? 2) Existe-t-il une forme de catéchisme qui proviendrait de lui? À la première question il faut répondre : oui. Cela est typique de tous les prophètes eschatologiques de lAncien Testament et il serait tout à fait inhabituel que Jean ne lait pas fait. On a plusieurs indications quil avait des disciples à qui il enseignait à prier et à jeûner. Enfin, certains lappelaient « Rabbi », maître. Mais la réponse à la deuxième question est plus complexe : est-ce que cet enseignement qui nous a été laissé proviendrait de lui? Il est troublant de constater que quelquun comme Matthieu, qui adore les exhortations morales et rapporte la source Q sur Jean-Baptiste, ignore ce passage. Aussi vaut-il mieux conclure pour linstant : on ne sait pas.
- Enfin, examinons une autre source dans les évangiles, celle de Mc 1, 1-8, en fait le texte qui amorce son évangile :
(1) Commencement de lÉvangile de Jésus, Christ, fils de Dieu. Selon quil est écrit dans Isaïe le prophète:
Voici que jenvoie mon messager en avant de toi
Pour préparer ta route.
Voix de celui qui crie dans le désert:
Préparez le chemin du Seigneur,
Rendez droits ses sentiers.
(2) Jean le Baptiste fut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Et sen allaient vers lui tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés. Jean était vêtu dune peau de chameau et mangeait des sauterelles et du miel sauvage.
(3) Et il proclamait: "Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de leau, mais lui vous baptisera avec lEsprit Saint."
- Ce texte comporte trois parties. La partie (1) est clairement chrétienne puisquelle mentionne Jésus et situe Jean-Baptiste par rapport à lui. Pour la partie (3), nous en avons précédemment fourni une analyse. Intéressons-nous donc à la partie (2), et plus particulièrement à trois points : le lieu de prédication de Jean-Baptiste, sa nourriture et ses vêtements, finalement son baptême.
- Jean prêchait dans le désert. Chez les Juifs le désert était un lieu sans habitation humaine. Cest aussi un lieu avec une valeur symbolique, i.e. en retrait de la cité des hommes, que connaît bien lAncien Testament et où la communauté de Qumran avait choisi dhabiter. La région entourant la mer Morte et la partie sud de la vallée du fleuve Jourdain étaient considérées désertiques et faisaient partie du désert de Judée. Même lhistorien juif Flavius Josèphe confirme cette localisation. On ne doit pas se surprendre dentendre parler des gens de Judée et de Jérusalem aller au désert pour se faire baptiser dans le Jourdain, car ils navaient besoin de marcher que 20 ou 25 kilomètres. Quand on note les lieux où Jean prêchait, on est toujours dans la vallée du Jourdain, à partir du nord de la mer Morte où se trouve Qumran et où se jette le fleuve, en remontant jusquà la hauteur de la Samarie (Aïnôn de Salim?). De plus, la région du Jourdain était une zone frontière avec la Pérée (Jordanie actuelle). Dans un tel contexte, on peut comprendre la présence des publicains (des douaniers) et des soldats qui demandent à Jean-Baptiste ce quils doivent faire. On comprend également pourquoi Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, est capable de larrêter, puisque la Pérée relevait également de sa juridiction. Enfin, on comprend pourquoi il sera emprisonné à la forteresse de Machéronte, car Machéronte est située en Pérée. Pourquoi Jean a-t-il choisi ce lieu de prédication? Bien sûr, il y a la présence de leau avec le Jourdain, mais le désert avait une valeur hautement symbolique : cest le lieu de lexode et de lalliance du Sinaï, un lieu où le peuple a été mis à lépreuve, un lieu où certains ont été châtié par le feu du ciel (Sodome et Gomorrhe se trouve selon la tradition au sud de la mer Morte), mais en même temps la porte dentrée vers la terre promise (Jéricho est dans la vallée du Jourdain, au nord de la mer Morte).
- Jean était vêtu dune peau de chameau et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Certains ont voulu voir dans le vêtement de peau de chameau une allusion au prophète Élie, mais on cherchera en vain dans lAncien Testament une telle association entre ce vêtement et Élie. Il vaut mieux reconnaître quil sagit probablement du vêtement normal dun nomade du désert. De même, pour les sauterelles et le miel sauvage certains ont voulu y voir une forme dabstinence pour se libérer des puissances démoniaques. Mais, de ce que nous connaissons de la prédication de Jean-Baptiste, jamais il ne mentionne les démons et manger des sauterelles nest pas végétarien. De même, on en a fait à tort un « nazir », à lexemple de Samson, qui se consacrait à Dieu pendant un certain temps en sabstenant dalcool, en laissant pousseur les cheveux et évitant les cimetières, et terminait cette période de consécration par une offrande au temple. Encore ici, il vaut mieux reconnaître quil sagit de la nourriture normale pour un nomade du désert, de quelquun qui voulait prendre ses distances par rapport à la cité des hommes.
- Enfin, regardons son baptême. Les rituels autour de leau sont très répandus dans le monde religieux, et étaient très communs dans le Proche-Orient, plus particulièrement en Iran et en Babylonie, comme symboles de purification spirituelle et don dune nouvelle vie. De même, dans le Judaïsme les rituels de lavement saccroissent et deviennent fréquents, par exemple chez les Pharisiens qui essaient de vivre dans leur vie quotidienne la pureté rituelle des prêtres. Plus particulièrement en Transjordanie, où se situe la Pérée, on trouve plusieurs groupes qui pratiquaient le baptême. On pourrait mentionner les gens de Qumran et leurs lustrations fréquentes, mais aussi Joseph Bannus, un ermite du désert, qui se lavait jour et nuit à leau froide. Malgré les différences, les lavements à Qumran offrent un contexte pour comprendre le baptême de Jean : au milieu du désert, dans un contexte eschatologique avec une teinte apocalyptique, les rituels deau sont fait par des gens qui croient quIsraël sest égaré de sa voie, et donc recherchent une purification intérieure par le repentir et une vie réformée, et donc espèrent le salut au moment où un jugement détruira un grand nombre. Par contre, il faut noter les différences avec Qumran. Alors que Qumran est une communauté organisée, Jean est un prophète solitaire. Alors que le membre de Qumran faisait lui-même les ablutions deau et les répétait régulièrement, le baptême de Jean ne peut être fait que par Jean lui-même et est un rituel une fois pour toutes. Dailleurs le baptême de Jean renvoyait les gens au don définitif et unique de lEsprit. On a cherché à savoir si Jean-Baptiste avait copié quelque chose de connue à lépoque, par exemple un baptême dinitiation chez les Juifs pour les prosélytes. Mais ce baptême pour les prosélytes nest apparu quà la fin du 1ier siècle, et donc il faut admettre que Jean a vraiment créé quelque chose de neuf. De même, on a cherché à savoir si la rémission des péchés rattachée à ce baptême était une création chrétienne ou remonterait à Jean. Ici, il est probable que cela remonte à Jean lui-même pour un certain nombre de raisons :
1) le Nouveau Testament ne parle jamais du baptême en terme de rémission des péchés;
2) les chrétiens eux-mêmes naurait jamais donné au baptême de Jean un telle valeur;
3) le Nouveau Testament nassocie pas le vocabulaire du repentir et du pardon des péchés avec le baptême;
4) lexpression devait être plutôt embarrassante pour les chrétiens quand on sait que Jésus, appelé Fils de Dieu, est allé se faire baptiser par Jean.
- Maintenant, on peut se demander : que signifie exactement cette rémission des péchés? Le danger est dappliquer à lexpression notre vision moderne et sacramentelle. Jean semble plutôt voir son baptême dabord comme lexpression dun repentir sincère et du désir dune vie réformée, puis comme une proclamation de la venue de lEsprit aux derniers jours qui lavera les baptisés de tous leurs péchés. On doit tout de même conclure ce portrait de Jean avec un paradoxe : dune part Jean affirme que son baptême est essentiel pour le pardon des péchés aux derniers jours et que lui seul peut leffectuer, mais en même temps il se présente lui-même comme une figure insignifiante, à limage dun esclave, en regard du plus fort qui seul pourra conduire le drame eschatologique à son dénouement.
-
Pour tout résumer, il faut dire : oui, Jean-Baptiste a vraiment existé. Nous possédons des attestations multiples, tant chrétiennes que juives, confirmant son existence historique. Il est apparu comme un prophète ascétique de la région du Jourdain qui a eu un certain succès auprès des foules, au point de faire peur aux autorités politiques. Lessentiel de son message était dannoncer lintervention imminente de Dieu qui châtierait ce peuple infidèle quest Israël, à moins que les gens se repentent et changent de comportement, et expriment ce changement en acceptant son baptême deau, dans lattente dun autre envoyé de Dieu, plus fort que lui, qui sera capable de répandre lEsprit de Dieu qui pardonne vraiment les fautes.
|
Chapitre suivant: Jésus a-t-il été un disciple de Jean-Baptiste?
Liste de tous les chapitres |